C'est l'automne, la météo semble bloquée sur une pluie battante, et je n'ai pas toujours la possibilité ou le temps de faire une escapade dans la forêt ou ne serait-ce que dans le jardin pour prendre de belles photos. C'est bien dommage, mais mon matériel photo me crie : "Je déteste la pluie !".
Qu'à cela ne tienne ! Cela m'offre l'occasion d'inaugurer une nouvelle rubrique qui me tenait un peu à cœur et que j'hésitais à mêler aux billets dédiés à mes propres observations et photographies... à savoir une rubrique consacrée à des herbiers et autres ouvrages anciens / historiques consacrés à la nature, la botanique, et pourquoi pas aux animaux (un peu de zoologie ancienne). Que voulez-vous, je reste historien de formation, et comme on dit : "On ne se refait pas" et "Chassez le naturel, il revient au galop". Et puis c'est mon blog, je fais un peu de ce que je veux ;-)
Toujours est-il que la botanique et autres sciences naturelles ne sont pas mes spécialités premières et que je compte, comme toujours, laisser la place à l'image, car cela reste bien la vocation de ce blog que de montrer de belles choses, de s'instruire, et de s'émerveiller. Un petit article historique de temps en temps... pour ne pas laisser le site se faner.
Et avoir un peu de lecture, car d'ordinaire ce sont plutôt des photos.
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Pour commencer, j'ai choisi l'herbier de Hieronymus Tragus, plus communément connu en français sous le nom de Jérôme Bock (à ne pas confondre avec Jérôme Bosch, le peintre du XVe siècle), der Kreütterbuch, publié en 1539 pour la première fois.
Jérôme Tragus, pasteur luthérien contemporain des prémices de la réforme du même nom, au XVIe siècle, a même été en contact avec son fondateur, Martin Luther. Cet érudit pratiquait également les fonctions de médecin et d’apothicaire. Exilé à Sarrebruck, à la suite des troubles religieux, il devint médecin à la cour du Comte de Nassau.
A partir du XVe siècle, la botanique s'est développée comme une discipline scientifique distincte de l'herboristerie et de la médecine, mais a continué de contribuer à ces deux domaines. Plusieurs facteurs ont permis le développement et le progrès de la botanique au cours de ces siècles : l'invention de l'imprimerie, l'apparition du papier pour la préparation des herbiers, et le développement des jardins botaniques. Tous ces facteurs, combinés à l'essor des voyages au long cours, ont permis une augmentation significative du nombre d'espèces connues et la diffusion des connaissances locales, régionales ou internationales.
Bock figure ainsi au premier rang des restaurateurs de la botanique au XVIe siècle. Ses études des plantes résultaient d’observations effectuées sur le vif, dans la nature, au cours de fréquentes excursions dans les Ardennes, les Vosges, le Jura, les Alpes Suisses et les bords du Rhin. Ses descriptions de fleurs étaient claires, il prenait en considération des éléments que ses prédécesseurs avaient ignorés. Il reconnaissait la corolle, les étamines et les pistils comme parties essentielles de beaucoup de fleurs et il est probablement le premier botaniste du XVIe siècle à avoir compris la nécessité d’une classification. Il renonce ainsi à l'ordre alphabétique et classe les plantes suivant qu'elles sont sauvages ou cultivées, que ce soient des arbres, des arbustes ou des herbes.
Cependant, loué pour ses admirables descriptions, l'édition originale de 1539 ne comportait aucune illustration. Toute la partie iconographique du recueil fut confiée, dès l'édition datée de 1546, au peintre de fleurs David Kandel, qui conçut et exécuta ainsi plus de 500 dessins de botanique, gravés sur bois dans l’ouvrage.
Bien que quelques représentations étaient inspirées des ouvrages de botaniques contemporains, comme ceux des botanistes Fuchs et Brufels, la plupart des illustrations étaient originales.
Beaucoup des gravures reprennent la présentation assez classique d’un herbier du XVIe siècle. Certaines, empreintes de fantaisie, sont cependant prétexte pour l’auteur à la représentation d’une scène animalière ou d’une scène animée, sur fond d’arbre ou de plante.
Son livre débute par la description de l'ortie. Habituellement, les ouvrages commençaient toujours par les espèces les plus rares, le fait que Bock débute sa flore par une espèce extrêmement commune constitue donc une révolution.
On retrouve également des représentations d'arbustes et d'arbres qui sont de toute beauté... Comme les fusains (qui font leurs fruits en ce moment jusqu'à fin décembre, c'est absolument magnifique... cela m'a donné envie de sortir le nez dehors et de les photographier). J'adore les fusains, cela me remonte le moral par temps pluvieux.
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