Correspondances bleues - épisode 4 : retour au vert, la forêt de Huelgoat

Un lundi de pluie battante (la douche aura duré sans discontinuer toute la journée - tellement que non seulement il a été très difficile de prendre des photos, mais honnêtement, j'avais même du mal à voir à travers mes lunettes...), direction la forêt de Huelgoat dans le Finistère.

Nous tenions à découvrir ce site naturel exceptionnel, amoncellement de blocs de granite, "le chaos" granitique de Huelgoat dont la légende attribue la création au célèbre Gargantua, qui dans un accès de colère contre les habitants du village, aurait joué à la pétanque à la manière des titans... En réalité, ces blocs de granite, le granite à cordiérite typique de la région armoricaine, sont des remontées de lave "en bulles" (pour simplifier grossièrement), qui permettent ces formes si particulières visibles à la surface. Des vestiges de la période hercynienne qui nous ramènent près de 250 à 350 millions d'année en arrière.

Que dire de cette forêt dont la traversée seule émoustille tellement l'imagination - qui n'aurait pas été dit ailleurs (je vous invite à consulter plein d'autres sites et blogs qui font le point de manière détaillée sur les différents "spots" visibles à Huelgoat, et les légendes qui y sont associées) - que l'on s'attend à y croiser pelle-mêle des esprits, des fées, des créatures issues d'un bestiaire fabuleux ou les chevaliers de la Table Ronde...

Certains considèrent que dans des temps plus reculés, une forêt immense et dense recouvrait la Bretagne toute entière. C’est le mythe de la grande forêt armoricaine, qui recouvrait une partie de la Gaule, avant les conquêtes romaines, et surtout des périodes de défrichement plus intenses, à l'époque médiévale. Ce paradis des chênes, des hêtres et des châtaigniers où prospèrent entre les rayons du soleil des mousses et des fougères a donné naissance à la légende de la forêt de Brocéliande, une forêt magique dont les premiers récits remontent au Moyen Âge, forêt qui aurait abrité Merlin, la fée Morgane, et autres légendes du Roi Arthur. 

Aujourd’hui, personne ne s’accorde sur la localisation exacte de Brocéliande. Si les historiens du XIXe siècle l’ont plutôt située du côté de Paimpont, des voix s’élèvent depuis contre cette thèse. Mais peu importe. Ainsi, la légendaire Brocéliande pourrait bien aujourd’hui subsister non à Paimpont mais dans la zone représentée par les 1000 hectares de la forêt d’Huelgoat, qui se trouve dans le Parc naturel régional d’Armorique.

Alors, bien malheureusement, mes photos ne rendent pas justice à ce lieu magique car j'étais trempé jusqu'aux os (pour avoir vadrouillé pendant 4 heures à finir par invoquer le roi Arthur en plein milieu de la forêt... de toute façon il n'y avait pas grand-monde pour m'entendre...) et à m'imaginer remonter les traces légendaires de lointains enchanteurs, mais pour moi, c'est un souvenir impérissable qui m'a donné envie d'y retourner aussi vite que possible. La forêt la plus magique que j'ai traversée depuis des années. 

Cela sentait la mousse et les pierres humides. C'était un beau moment.

 

Voici la fameuse "Roche tremblante" : il est réellement possible de la faire bouger quand on connait le bon endroit et le bon angle (on trouve des vidéos en attestant sur internet). Vu la masse, c'est à peine croyable.

 

Vues de la Rivière d'argent ci-dessous. Je m'attendais presque à tomber nez-à-nez avec une Naïade en train de se baigner dans les pierres...

 

  

Et voici la grotte d'Artus (ou Arthur). Une fois abrité à l'intérieur, on ressent une impression paradoxale. D'un côté, ces blocs de granite gigantesques qui semblent menacer de vous engloutir en quelques instants. De l'autre, un sentiment de protection et de sérénité vous envahit...

 

  

  

Et voici un aperçu du "Camp d'Artus", vestiges d'un oppidum antique. Au temps de la République Romaine (IIe siècle avant JC), la région d’Huelgoat était occupée par le peuple des Osismes. Ces derniers construisaient des cités fortifiées (ou “oppidums”) destinées à protéger leurs territoires stratégiques de l’envahisseur (qui en vérité était plus souvent une tribu adverse que les Romains...surtout à cette époque). Le camp dArtus pourrait représenter les vestiges de la capitale fortifiée de ce peuple, vaste de 30 hectares et donc bien antérieure à la légende du roi Arthur dont elle porte, à tort, le nom.

Je n'ai pas pu prendre de bonnes photos de tous les lieux qui ponctuent la randonnée de la forêt de Huelgoat, et il y en avait pourtant bien d'autres, à couper le souffle, aux noms tout aussi évocateurs que "la grotte du Diable", "la chaussée des Titans", "le ménage de la Vierge", le "Moulin du Chaos", le "Gouffre", ou le Pont Rouge. Mais ce n'est que partie remise ! 

A bientôt pour des nouvelles aventures...